Édito
3
Notre époque est marquée par une incroyable explosion de l’information. Jour-
naux, revues généralistes et spécialisées, radios, chaines de télévision de plus
en plus nombreuses, Internet, réseaux sociaux nous abreuvent quotidiennement,
bon gré mal gré, d’un flot de nouvelles, d’images, d’analyses, d’opinions, d’avis…
Est-ce à dire que nous sommes mieux informés ? Malheureusement, non ! Comme
pour beaucoup de choses, trop d’information tue l’information. La question, au-
jourd’hui, n’est, en effet, pas le manque d’information mais la capacité à faire le
tri dans le flot des informations qui nous submergent, à les hiérarchiser, à séparer
le bon grain de l’ivraie, à reconnaitre les vraies informations des fausses, celles
qui sont utiles et les autres, celles qui présentent un intérêt et celles qui n’en
ont pas.
Face à cette question, deux types d’attitudes ont émergé.
La première consiste à faire confiance à l’opinion ! Telle « information », non vé-
rifiée, est reprise par des milliers de personnes : elle est donc vraie ! Les réseaux
sociaux jouent, dans ce domaine, un rôle de plus en plus important. En quelques
heures, une fausse nouvelle ou un simple avis peuvent devenir pour des millions
de personnes, une vérité incontestable.
La seconde, plus subtile, consiste à s’en remettre à tel ou tel média ou personne
qui se charge de trier l’information pour nous et de nous l’expliquer à la lumière
de telle ou telle philosophie, mais aussi de tel ou tel intérêt, politique, écono-
mique, sociétale ou autre…C’est ce que l’on pourrait appeler le « prêt-à-penser ».
Un point commun entre ces deux attitudes : la facilité et la paresse intellectuelle.
Les conséquences qui en découlent sont parmi les plus graves qui nous menacent.
Elles ont pour nom : manipulation des esprits, abrutissement, esclavage…
Pour y échapper, il n’existe qu’un seul moyen : l’
éducation
, qui consiste à donner
à chacun le goût et la capacité de penser par soi-même, de se forger sa propre
opinion, c’est-à-dire, au bout du compte, à rester
libre
! Apporter des connais-
sances, certes, mais, surtout «
donner à penser
», ce n’est, au fond, rien d’autre
que de répéter qu’« il vaut mieux une tête bien faite qu’une tête bien pleine ».
Une vérité ancestrale qu’il n’a jamais été aussi utile de rappeler et à laquelle
nous essayons, modestement, de contribuer à travers les classes de découverte et
les journées pédagogiques que nous proposons depuis plus de 20 ans.
Donner à penser
par Bruno Monflier